Éléonore-Amélie de Lobkowicz

Éléonore Élisabeth Amalia Magdalena de Lobkowicz, née le 20 juin 1682 au château de Mělník, en royaume de Bohême, et décédée à 59 ans, le 5 mai 1741, au Palais Schwarzenberg à Vienne, faisait partie de l’une des deux plus anciennes familles princières tchèques et, par mariage, de la seconde, la maison Schwarzenberg.

Biographie

Eléonore était la fille du prince Ferdinand-Auguste de Lobkowicz (1655-1715), duc de Sagan, et de sa seconde femme, la margravine Maria-Anna de Bade-Bade  (1655-1701), la fille de Wilhelm, le margrave régnant de Bade-Bade.

Le 6 décembre 1701, la princesse Éléonore épousa le grand maréchal de la cour d'Autriche et prince héritier de Schwarzenberg. Éléonore, parfaitement cultivée,  a bénéficié d'une bonne éducation et parlait plusieurs langues. Son style de vie raffiné était particulièrement apprécié à la cour des Habsbourg. De leur mariage naissent deux enfants :

- Maria-Anna (1706-1755) qui épousera le margrave Ludwig de Bade-Bade 
- Joseph I de Schwarzenberg (1722-1782), héritier inespéré de sa maison, qu'elle eut à quarante et un ans et qui épousera en 1741 Marie-Thérèse de Liechtenstein. 

Sa longue attente de la naissance d’un fils sera à la base du début de sa réputation. Selon une croyance de l’époque, la consommation de lait de louve était susceptible de favoriser la naissance d’un enfant mâle. Il fut donc décidé de capturer dans les forêts environnantes autant de louves que possible et de les enfermer dans les cages du château en vue de les traire journellement. On imagine sans peine le concert de hurlements qui devait émaner chaque soir du château et affoler les habitants des villages des alentours, permettant ainsi à la châtelaine d’acquérir une bien fâcheuse réputation. 

Après trente et un ans de mariage, son mari meurt d'un accident de chasse dans les possessions impériales en Bohême. L'auteur du tir mortel n'est autre que l'empereur Charles VI  lui-même, qui, en guise de réparation, prend avec lui le fils d'Éléonore à la cour de Vienne et attribue à sa mère une pension annuelle de cinq mille florins, qui lui permet de maintenir son train de vie dans sa très coûteuse résidence, le château de Krumau (aujourd’hui Český Krumlov).

Au terme d'une douloureuse maladie gastroentérologique de plusieurs années, soignée par des potions et des onguents aussi inhabituels les uns que les autres, la princesse Éléonore meurt le 5 mai 1741 au palais Schwarzenberg à Vienne. Contrairement aux usages, elle n’est pas inhumée dans le caveau de sa famille à Vienne mais transportée de nuit (!) en Bohême et encore plus curieusement est finalement enterrée, également de nuit (!), contrairement à toutes les traditions. 

Personnage inspirant Bram Stoker ?

En 2007, le documentaire autrichien La Princesse Vampire analyse la légende selon laquelle Éléonore aurait été un vampire. Ce reportage de Klaus Steindl, diffusé sur la chaîne européenne Arte, affirme que la princesse Éléonore pourrait être l'une des sources d’inspiration de Bram Stoker pour son personnage de la princesse-vampire Lénore, dans son roman gothique Dracula. En fait, atteinte d'un mal mystérieux qui la faisait beaucoup souffrir, la princesse dépensait des fortunes en remèdes à base de potions, mais aussi en formules ésotériques et magiques que l'Église désapprouvait ce qui alimentait des rumeurs à propos d'un « mal des vampires » qu'elle aurait contracté de l'un de ces monstres.

De leur côté, les autorités craignaient que le mal dont elle souffrait, et qui s'aggravait, ne se répande. Le docteur Franz von Gerstoff, médecin de l'Empereur, se rendit à son chevet et décida son transfert à Vienne. Après le décès de la princesse, une autopsie fut pratiquée (fait rare pour l'époque, peut-être pour faire taire les rumeurs) en disséquant ses entrailles, tuméfiées, et en prélevant son cœur, sain. Elle fut donc enterrée religieusement dans la chapelle Saint-Jean Népomucène de l'église Saint-Guy de Krumau, mais tout de même dans une tombe scellée par une voûte maçonnée d’une épaisseur anormale, sous une pierre tombale gravée d’une tête de mort ! 

Beaucoup plus tard, son arrière-petit-fils, Charles-Philippe de Schwarzenberg, sera le vainqueur de Napoléon à la bataille de Leipzig, en 1813.

Ce n'est qu'au XXe siècle que l'analyse des symptômes et la relecture des rapports d'autopsie permirent d'identifier sa maladie comme un cancer du côlon et rien de ce qu’on avait pu imaginer jusque-là. 

Journal d'une démonologue : La Princesse Vampire : Cliquez ici


Titres

1682 – 1701: Princesse de Lobkowicz.
1701 – 1703: Princesse héritère de Schwarzenberg.
1703 – 1732: Princesse régnante de Schwarzenberg.
1732 – 1741: Princesse douairière de Schwarzenberg.

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